激情戲劇之一:海鷗~
«拜託一下,請把洗手間的門關起來!»
就在戲要上演的前一秒,安靜無聲的表演廳突然自觀眾席中響起這句話。因為即使微光也會阻礙開場的效果。於是有人便好意地起身,動作輕巧關上門為大家服務,如此才把眾人安置在完全的黑暗中,恢復了表演的節奏。每個人因此都笑了,我也是。
然後突然間,在完全的黑暗之後,舞台就像魔術一樣,所有的劇中人竟然一下就被變出來了,一個個在自己的姿勢中就好位,靜然不動地呈現在大夥面前。這樣靈巧的設計真是令人目炫驚喜;開場之前因為狀況外的小插曲那個快要消失的微笑,馬上又跑回來和我同在了哪。我根本等不到這些劇中人從各自靜止的位置中動作起來,就趣味地急著找尋人物和劇本對應的角色。
啊,這位穿著喪服的女生一定是馬夏,她那個不被她所愛未來的丈夫,演老師角色的,就站在對面;打赤腳坐在地上手裡拿著釣魚竿的男生,必然就是特里果林;睡在吊床上的年長女士應該就是特雷普烈夫這個悲觀的年輕人,苛刻的母親阿爾卡丁娜。還有波林娜站在舞台盡頭。
可是妮娜呢,她在那裡啊?
可要等上好一陣子,我們才會看到純真小孩般的妮娜,穿著白袍出現在觀眾席的某個角落,走向舞台和其他人會合呢!這樣的安排,觀眾自然可以心領神會,因為她住在湖的對岸啊。
是的,劇本裡的湖,在此變成一個想像的實體,它就位在演員與觀眾兩個對照的世界中。所以每當劇中人在湖水前沉思默想或悲痛哀嚎時,我就依著劇情陳述,調皮地把觀眾我們,變形成為星星,魚群,雲朵和海鷗…
或許是這樣對作品故意詮釋所出現的偶然和奇蹟吧,契訶夫的這齣名劇一度傳達給我的,竟是一種很難解釋的歡欣感。原因有可能是作為原著讀者的我,在這場表演之前已經過度想像我們這位偉大的俄國作家,將會藉著他創造的劇中人對我加以虐待折磨,這些禁閉在無路可逃的情境,活在黑暗幻滅裡的靈魂,太容易令我和那個虛無不快樂的自己,聯想在一起了。
然而,當最後妮娜一身黑衣,再一次從觀眾席中走向舞台時,歷經滄桑的她不再是之前那個童真的少女,她對特里果林堅貞卻坎坷的愛情,就像特雷普烈夫對她的愛戀強烈到要選擇自殺之路哪。
到底我還是意識到,是不得不乖乖地回到契訶夫先生的悲劇情懷的;因為對他,世人總是會迷失地愛上不愛自己的人嗎?那麼在湖畔對岸這邊的我,最後仍是得和歡欣想像說再見,只單純當一個傷心的觀眾就好了。 (法文中譯)
註:本劇“海鷗”(La Mouette/The Seagull 1896),乃根據俄國作家契訶夫(Anton P. Tchekhov 1860-1904)的同名四幕劇作品改編演出。
« S’il vous plaît, fermez la porte des toilettes ! » disait une voix surgissant dans la salle déjà silencieuse juste une seconde avant la scene, car la moindre lumière contrariait le début du spectacle. Un spectacteur très gentil est allé discrètement où il fallait pour nous inserer dans le noir complet, nous remettre en ordre. Tout le monde en souriait, moi aussi.
Et tout à coup après le noir, sur le plateau, comme dans un show de magie, s’apprêtaient déjà tous les personnages, chacun fixé dans sa posture. J’ai été éblouie de cette ingéniosité, et mon sourire du petite épisode imprévu de tout à l’heure qui ne m’avait pas encore quitté m’est aussitôt revenu. Avant même que chacun des personnages ne se mette tour à tour à s’animer depuis sa position initiale, je me suis empressée à rechercher les rôles sur scène correspondant à ceux du texte.
Ah, celle-là en deuil est sans doute Macha, son futur mari indésirable, l’instituteur, est en face d’elle; celui qui pieds nus est assis par terre avec une canne à pêche dans la main est certainement Trigorine; la femme d’âge mûr s’endormant dans un hamac est bien sûr la maman avare du jeune pessimiste, Kostia. Paulina est debout au fond.
Mais Nina, où est-elle ?
Il fallait attendre un certain moment avant de voir Nina, en robe blanche comme une enfant, apparaître de quelque part dans le public pour rejoindre les autres. Ceci était tout à fait comprehensible et raisonnable puisqu’elle habitait sur l’autre rive du lac.
Eh bien oui, un lac imaginaire était situé entre deux mondes, entre acteurs et spectacteurs, et chaque fois qu’eux, les acteurs, se contemplaient ou s’affligeaient devant ce lac, je me suis beaucoup amusée à métamorphoser les spectacteurs en étoiles, en poissons, en nuages, et en mouettes…Un hasard ou un miracle de l’interprétation, cette pièce de Tchekhov m’a transmis une gaité inexplicable, peut-être qu’avant le spectacle j’avais trop imaginé que notre grand écrivain russe allait me torturer par ses créatures qui toujours s’enferment dans le huis clos, sombrent dans le néant, et qui me rappellent un moi-même nihiliste et peu aimable.
Cependant, à la fin quand Nina tout de noir vêtue est retournée du public sur scène, à travers les vicissitudes elle n’était plus la fille enfantine, son amour non partagé pour Trigorine restait pur et fort, comme celui de Kostia envers elle, qui a ainsi provoqué le suicide de ce dernier.
J’ai alors eu conscience d’être retournée dans l’univers tragique de monsieur Tchekhov, n’est-ce pas chez lui que chacun tombe éperdument amoureux d’un autre qui ne l’aime pas? Alors que cette fois-ci de ce côté du lac, j’aurais préféré à la fin n’être qu’un simple spectacteur. (Lucie WU)

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